Saint-Sébastien LGTBI, toujours en avance sur son temps

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Jokin Egaña Journaliste

La question LGTBI est aujourd’hui un thermomètre du développement et de la modernité d’une ville, et aucune ne veut être laissée pour compte. De nombreuses villes font un effort institutionnel pour être attrayantes pour les touristes de la communauté LGTBI. Mais dans le cas de Saint-Sébastien, l'ambiance d’inclusion et de diversité LGTBI n'est pas un hasard et n’est pas non plus recherchée, c'est le résultat naturel de l’évolution d’une ville cosmopolite, pluriculturelle, ouverte et accueillante, palpable depuis des décennies.

Je suis né à Saint-Sébastien il y a 56 ans, et j’y ai vécu jusqu’à mes 30 ans. J'ai ensuite vécu pour des raisons professionnelles dans plusieurs villes espagnoles et j'ai voyagé dans de nombreux pays. Grâce à ma curiosité et mon enthousiasme pour les voyages à la découverte du comportement humain et des sociétés, j'ai pu analyser la vie de notre communauté LGTBI dans divers environnements. Au-delà de la célèbre beauté de notre ville qui a fait couler tant d’encre, j’aimerais ici souligner son style de vie, son idiosyncrasie et l’ambiance particulière que n’importe quel touriste ressent immédiatement. Notamment le collectif LGTBI et d’autres minorités sociales.

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Dans les années 70 et 80, Saint-Sébastien était particulièrement attrayante pour les touristes LGTBI, au-delà de l’intérêt général de la ville. Dans le quartier de Miraconcha se trouvaient plusieurs établissements nocturnes LGTBI comme Master, Valentino, Wali-Jai, Cristal, Orient Express... qui ensemble composaient un vrai underground queer. Ce quartier était une oasis de liberté pour l’époque, une ambiance que le collectif LGTBI national et international avait soif de connaître. Si nous ajoutons la salle KU emblématique avec son point de vue inégalé sur le Mont Igeldo (créée dans les années 70 et ensuite exportée à Ibiza), avec sa décoration, ses gogos et sa musique à contre-courant du style de l’époque, Saint-Sébastien était à cette époque une icône de modernité, de style et de rébellion par rapport aux standards coincés de l’époque.

Il n’existe aujourd’hui pratiquement plus d’établissement nocturne spécifiquement LGTBI dans la ville. Il y a quelques années les hôteliers décidèrent que la communauté LGTBI pouvait en ville évoluer dans une ambiance sûre et ouverte. Il me semble personnellement que les établissements LGTBI ne sont pas de trop puisqu’ils font partie de notre culture, notre musique et notre mouvement social, etc. mais il est également évident que le fait qu’une ville ne ressente pas le besoin d’offrir des espaces sûrs à la communauté LGTBI est un symptôme évident du caractère LGTBIfriendly de la ville

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Saint-Sébastien a parallèlement été capable d’être attrayante pour une chaîne d’hôtels LGTBI ou heterofriendly exclusive qui lie son offre à Saint-Sébastien à celle d’autres villes emblématiques LGTBI comme Ibiza, Mas Palomas, Berlin ou Miami.  

Et, curieusement, si nous parlons d’icônes..., savez-vous que Saint Sébastien, - l’un des saints les plus vénérés de l’église, est une authentique icône gay ? Ses très nombreuses représentations en images et en sculptures ne sont pas passées inaperçues aux yeux de la communauté gay. À la fin du XIXe siècle déjà, les hommes gays virent dans la représentation de Saint Sébastien un idéal homoérotique et le symbole d’un homme gay torturé « dans le placard ». L’image de Saint Sébastien a inspiré l'œuvre de grands maîtres de la littérature comme Oscar Wilde ou Yukio Mishima, et bien évidemment le cinéma.

 Le cinéma est précisément l’un des grands atouts de la ville de Saint-Sébastien pour notre communauté LGTBI qui se caractérise par sa passion pour le septième art. Mes obligations professionnelles ne m’ont pas permis de vivre dans l’une des villes les plus belles de la terre, mais tous les ans je prévoyais sans faute une semaine en septembre pour revenir à Saint-Sébastien et profiter au maximum de l’un des festivals de cinéma les plus importants au monde.  L’ambiance en ville pendant le festival est incomparable. L’art, la culture, la sophistication et le style se propagent à tous les habitants de Saint-Sébastien et à tous les visiteurs. Mais malgré le luxe qu’on y respire, la ville a réussi à donner un caractère très populaire au festival, pour le plaisir de tous

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La culture est donc une partie indispensable de la ville, et c'est un élément clé pour que Saint-Sébastien soit connue pour être une ville respectueuse et ouverte à la communauté LGTBI. Et j'ajouterais un autre élément clé et enrichissant dans ce sens : son profil international, pluriculturel, qui depuis des décennies reçoit chaque année un grand nombre d’étudiants universitaires du monde entier grâce au programme Erasmus.

La plage et la gastronomie sont des atouts touristiques pour de nombreuses villes mais Saint-Sébastien n'a rien à voir avec les villes noires de monde et de buvettes sur la plage. Notre culture et la qualité de notre gastronomie est reconnue dans le monde entier. Et l’ambiance de plage est aussi élégante que le reste de la ville, avec une passion particulière pour le surf et le respect de l'environnement.

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Je ne peux terminer cet article d’opinion sans mentionner une référence étrangère à la ville. À chacun de mes séjours à Saint-Sébastien, je m’échappe vers les Landes, la partie française toute proche pour y respirer l’air, la liberté et l’intimité de ses kilomètres de plages et de dunes. Un privilège généralement suivi d’une promenade dans Biarritz ou Saint Jean de Luz.

Peu importe si vous venez à Saint-Sébastien comme étudiant, touriste, pour un événement professionnel..., en réalité tous les visiteurs y sont accueillis dans leur diversité et avec respect et curiosité. Les Basques sont discrets, c'est vrai (on confond parfois discrets avec « fermés »), mais nous sommes toujours prêts à découvrir et accueillir les visiteurs, désireux d’interagir pour connaître de nouvelles vies et de nouvelles envies. Et évidemment également dans le cas des voyageurs LGTBI.

L’histoire de Saint-Sébastien est marquée par la répression qu’elle a subie pour des raisons politiques ; c'est ce qui a forgé notre caractère rebelle, à contre-courant des standards obsolètes d'autres époques, dont l’actuelle. C'est ce qui me passionne. Si vous appartenez au collectif LGTBI et que vous venez visiter Saint-Sébastien, vous ressentirez vous aussi l'envie de profiter d’une ville toujours en avance sur son époque.

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